Juditha Triumphans

La pièce :

Pour sa toute première saison, l’Ensemble Aurison a souhaité marquer les esprits en choisissant une œuvre à la fois sublime, exigeante et pourtant rarement jouée : Juditha Triumphans d’Antonio Vivaldi. Composé en 1716, cet oratorio est le seul du maître vénitien à nous être parvenu.

Au-delà de sa beauté musicale, cette œuvre revêt une portée historique forte. Au début du XVIIIᵉ siècle, la République de Venise n’est plus la grande puissance maritime d’autrefois et se trouve menacée par l’Empire ottoman. En 1714, une nouvelle guerre éclate entre les deux empires. Rapidement, Venise perd la majorité de ses territoires dans le Péloponnèse. Mais en 1716, lors du siège de Corfou, la garnison vénitienne menée par le général allemand Johann Matthias von der Schulenberg remporte une victoire inespérée, malgré son infériorité numérique. Ce triomphe est vécu comme un véritable miracle et salué dans toute l’Europe, car il met un coup d’arrêt à l’expansion ottomane.

C’est dans ce contexte que Vivaldi choisit de mettre en musique l’histoire biblique de Judith et Holopherne : Judith, héroïne israélite assimilée à Venise, séduit puis décapite le général assyrien Holopherne, figure du sultan ottoman. Bien plus qu’une œuvre religieuse, cet oratorio est une véritable fresque dramatique et politique. Commanditaire de la pièce, le général Schulenberg assista d’ailleurs à la première représentation, soulignant ainsi sa dimension symbolique.

La première eut lieu au Conservatorio dell’Ospedale della Pietà à Venise. Cet établissement, bien plus qu’un simple orphelinat, était une institution musicale prestigieuse, connue dans toute l’Europe pour la qualité exceptionnelle de ses jeunes musiciennes. Vivaldi, alors maître de musique de l’institution, a su tirer parti de la virtuosité de ses chanteuses et de la richesse instrumentale de l’orchestre. Il y introduisit même des sonorités rares pour l’époque, comme celles de la clarinette ou du chalumeau, offrant à l’oratorio une couleur unique.

Notre projet réunit une cinquantaine de musicien·ne·s et chanteur·euse·s issus des Conservatoires Populaire et de Genève, ainsi que de la Haute école de Musique. Trois concerts seront proposés : deux au Temple de Saint-Gervais les 20 et 21 février 2026, et un troisième, le 22 février, spécialement destiné à des personnes en situation de handicap, afin de rendre cette expérience musicale accessible à toutes et à tous. Ce projet sera dirigé par le maestro al cembalo, Pierre-Louis Rétat. 
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